Encore un très long commentaire à ton commentaire. Parfois j'aimerais que l'on puisque en discuter "en vrai" à bâtons rompus. Tellement c'est riche.
yt89 a écrit: Justement, j'aime beaucoup WIlson, précisément parce que des deux c'est lui le véritable antihéros si on y regarde de plus prés: Il n'a ni le génie ou le talent d'House pour compenser ces défauts, ni un background (enfance, handicap) mis en avant de sorte à créer une empathie ou de la compassion.
Des deux, c'est en fait lui le plus narcissique, il est en plus assez faux-cul/hypocryte, ce qui le rend tout de suite moins "cool" que House' l'iconoclaste.
En réalité on ne sait rien de l'enfance de Wilson. Et ce serait bigrement intéressant pourtant ! Je me demande quelle sorte d'injonctions parentales il a reçu, enfant.
À propos d'empathie et de compassion, qualités que l'on reconnaît d'ordinaire à Wilson, il y aurait beaucoup à dire. Il éprouve dans le meilleur des cas de la sympathie pour les autres, mais de l'empathie... Cela demande une posture bien différente. L'empathie suppose une attitude ouverte à l'autre mais surtout totalement décentrée de soi. Ce qui est loin de la personnalité de Wilson, dont tu soulignes justement le narcissisme. Pour la même raison, il est également plus souvent dans la pitié que dans la compassion. Même si je force un peu le trait, je veux bien l'admettre, pour mieux faire saisir mon propos !
yt89 a écrit: Bref, aucune série n'aura jamais l'audace d'avoir pour héros un WIlson, parce que la société n'aime pas les Wilson, ce qui le rend d'autant plus "aimable" à mes yeux.
Difficile de choisir un Wilson pour "héros", il n'a ni les qualités positives du héros traditionnel (le dévouement sans attente de retour, le courage physique..., le dépassement de soi, le côté incorruptible ou sauveur du monde...), ni les qualités négatives (si j'ose dire) que tu as si bien décrites pour House que je n'y reviens pas. Wilson en héros de série : ce serait d'un ennui mortel ! ;)
Là où je suis d'accord avec toi et bien que je lui en veuille de son attitude présente envers House,( mais c'est euh comment dire totalement de parti pris, subjectif et pas rationnel pour deux sous ! :oops: ), c'est qu'il est quand même attachant. Peut-être parce que comme nous tous, il se "dépatouille" comme il peut dans ses contradictions : il désire être un type bien (ou du moins le paraître, car nous existons souvent par et pour le regard de l'Autre) et en même temps il est faillible, égoïste. S'il commence à se rendre compte de son fonctionnement avec les autres, ça promet d'être intéressant. Mais est-ce si sûr au fond ? Sa relation avec Amber est, certes, très différente de celles qu'il avait habituellement. Ceci dit, leur liaison était récente... Le changement opéré chez lui est-il superficiel ou réel ? Et y a-t-il vraiment eu changement ? Après tout, Wilson a l'habitude d'apporter aux autres ce dont ils ont besoin... Et Amber ne désirait-elle pas un compagnon indépendant, qui existerait par lui-même, pour lui-même. Et Wilson ne faisait-il pas finalement comme toujours : répondre aux besoins de l'autre ? Cela ne l'aurait-il pas complètement déstabilisé une fois les premiers mois "magiques" écoulés. Il se serait retrouvé face à lui-même...
Je sais, c'est tordu comme raisonnement. Mais j'AI l'esprit tordu.
yt89 a écrit:House est un salaud ? Oui mais il est génial, charismatique et en plus il a subi des épreuves qui justifie son "endurcissement". Je n'oublie pas que son obsession de la vérite cache parfois de la méchanceté pure et simple, ou l'utilisation des autres comme défouloir (quand il dit à Cuddy un truc assez dégueulasse et gratuit sur son inaptitude supposée à être une bonne mère)
N'oublie pas dans quel état il était quand il a dit ça ! C'est, certes méchant mais pas calculé : une défense désespérée et un manque de maîtrise de lui-même qui adû le mortifier grandement si on y réfléchit. D'ailleurs, Cuddy le dit bien à Wilson quand elle lui explique pourquoi elle est bouleversée. Pour elle ça s'apparente à un "pétage" de plomb, car elle dit qu'habituellement et contrairement aux apparences, House est bien plus mesuré qu'on ne le pense.
"J'ai vu House être grossier des milliers fois pour obtenir quelque chose. Mais je n'ai jamais vu cet homme se montrer méchant pour rien.... Souvent, les gens croient que House n'a aucun sens de la retenue. Mais il se réfrène plus qu'on ne le pense."Entre parenthèses, Cuddy me semble souvent approcher de plus près la personnalité de House que Wilson, au moins quant à ce qu'il ressent...
yt89 a écrit:Le parallelle entre les deux est assez saisissant, on pardonne tout au héros, sauf d'être faible.
On aime leurs failles chez les héros plus que leurs faiblesses - encore que souvent les femmes aiment la vulnérabilité chez un homme par ailleurs héroïque :) - c'est juste. Celles de House, y compris sa méchanceté apparente, sont supportables à causes des blessures que l'on connaît ou que l'on devine, c'est un mécanisme de défense. Et aussi parce que régulièrement, à petites touches, on décèle chez lui de vraies qualités humaines, très discrètes : quand il ne dénonce pas l'astronaute à la NASA pour ne pas "briser son rêve", pris en flagrant délit de romantisme si je puis dire, quand il cache au comité de greffe du coeur que sa patiente est boulimique, quand il parle à la petite fille cancéreuse en lui disant que c'est SA vie, qu'elle a le droit de penser à elle avant de penser à sa mère.... le meilleur exemple, tout à fait fabuleux est dans l'épisode de l'homme sans mémoire atteint du syndrome du miroir, où, bien qu'il ait une personnalité écrasante (la scène finale entre Cuddy, Forman et lui est jubilatoire), il arrive être totalement en empathie. Il ne montre jamais cela en représentation contrairement à ses "méchancetés"qui comme tu le remarques justement se font devant témoins : tout l'inverse de Wilson en somme qui abandonne House, un soir de Noël dans son vomi quand personne ne peut le voir... ça c'est vraiment gratuitement cruel et d'un égoïsme flagrant : je suis déçu alors je te laisse dans ta merde... ou plutôt dans ton vomi. Wilson donne pour recevoir. Il ne faut pas le décevoir sinon gare ! Et son côté "je sais ce qui est bien pour toi" est horripilant ! Parce qu'un tantinet méprisant (le mépris n'est-il pas le corrolaire de la pitié ?). House ne se fait pas d'illusions sur les gens, il n'attend pas d'eux ce qu'ils ne peuvent donner. Il prend les gens comme ils sont, et il fait bien : il n'y en pas d'autres ! :D
Pour faire écho à ce que tu disais, moi j'ai connu quelqu'un qui était plutôt un Wilson : c'est assez terrifiant ce genre de vampire. Ils tirent les ficelles de l'affection, de la culpabilité, de la reconnaissance. Plus ils en reçoivent, plus ils leur en faut. Jusqu'à ce tout la substance de l'autre ait été sucée... jusqu'à la moelle. Ou qu'il se soit sauvé en courant... Brrrrr !
Mais peut-être que ce qui est si dérangeant et à la fois attachant chez WIlson, c'est qu'il nous renvoie aussi à notre désir d'être reconnu comme "quelqu'un de bien", digne d'être aimé (au sens d'admiré), même au prix d'un peu d'hypocrisie et de manipulation ... Alors que House ne veut pas (apparemment du moins) qu'on l'aime : ça le terrifie bien trop ! Et en même temps, il veut être reconnu pour ce qu'il accepte avoir de la valeur chez lui : son intelligence... Qui a dit que cet homme est juste un sale con ? Il est diablement complexe, c'est ce qui le rend si attirant, entre autres choses...
yt89 a écrit:D'ailleurs, House aime tout autant que Wilson cette emprise individuelle sur les gens, ce qui explique qu'il se sente plus à l'aise en tête à tête qu'en groupe, où il use systématiquement de sa répartie ce qui est beaucoup moins le cas en tête à tête, globalement.
C'est plutôt l'inverse, il est plus à l'aise en individuel parce qu'il a moins besoin de montrer son ascendant (intellectuel). En groupe, son attitude rappelle plus celle qu'il aime appeler du "mâle dominant", encore que tout cela soit fortement teinté d'ironie et d'une bonne dose d'auto-dérision. Un des côtés attachants de House (oui je sais ENCORE ! :oops: ) c'est qu'il ne se prend pas au sérieux ! (contrairement à Foreman, par exemple dont c'est un des défaut le plus horripilant)