Puisque tu es un amoureux des mots, j'aimerais que tu précises ou plutôt que tu argumentes ton choix du terme hypocrisie plutôt que de celui de lâcheté, couardise, trouillardise, peur, terreur, enfin tu veux ce que je veux dire ? ? Et tant qu'on y est le terme inhérent... S'il te plait ....
Attention, mon explication est assez longue et je m'excuse par avance si elle est tarabiscotée ou vague ou qu'elle manque de cohérence:
J'ai choisi le terme "hypocrisie" parce que...suspens...je voulais parler de son hypocrisie :D Et pas de lâcheté, de la peur etc. Si tu le veux bien, puisque tu me qualifie "d'amoureux des mots", je vais te prendre...au mot-!- et partir de la définition du dico de poche qui est sur mon étagère (Quoi? Oui je sais, je suis comme WIlson, j'ai pas de vie :) ) :
Défaut qui consiste à dissimuler sa véritable personnalité et à affecter des sentiments, des opinions et des vertus que l'on n'a pas.
Mon choix n'est pas anodin du tout, il y'a un peu de provoc' là dedans je dois l'admettre, dans la mesure où vous allez me dire "Nan mais tu peux pas dire ça! House au contraire c'est l'authenticité incarnée et brut de décoffrage, l'anti faux-cul par excellence, l'apôtre de la vérité". Et je ne saurais vous contredire. Mais l'un n'empêche absolument pas l'autre, aussi paradoxal que cela puisse paraître, et nous savons bien qu'House est un homme de paradoxes. Arrêtons-nous donc sur les "opinions et les vertus" de House.
Ces aspects, vous en conviendrez, relèvent de la sphère morale. Or, quoi de plus moral qu'un sermon? On s'agace de Cameron et Wilson et de leur éthique étriquée. Mais House aussi est, et pas qu'un peu, un sacré redresseur de torts! Alors, oui, House est cool et branché là où Wilson a un balai dans le derrière et Cameron une auréole sur la tête, mais on ne peut pas laisser la forme faire oublier les faits: l'une des bases de la série, l'un des grand rouages de sa mécanique, c'est la répartie cinglante de House. Cinglante au sens que la plupart du temps elle est sans appel, elle n'appelle aucune réponse de l'interlocuteur. Cette répartie repose beaucoup ("pas que" mais "beaucoup") sur un certain nombre d'aphorismes, dont, parmi les plus connus , en vf dans le texte, "Tout le monde ment" et "Les gens ne changent pas".
La question qui se pose est celle de la légitimité de ces aphorismes érigés en principes moraux, en vérité absolue. House est un médecin extrêmement brillant, donc lorsqu'il affirme (parfois avec force, en s'opposant aux autres etc.) une opinion médicale, il a toute la légitimité nécéssaire pour le faire. Mais qu'en est-il de ses considérations générales sur le genre humain? Au nom de quoi, de quel droit, de quelle compétence, House en saurait plus long que tout le monde sur la Vie, sur les rapports humains? Il fait autorité lorsqu'il parle de problémes médicaux. Mais en quoi au juste serait-il plus "expert' que n'importe quel autre être humain en ce qui concerne l'existence humaine? La réponse dans ces cas là, n'est pas à chercher du coté d'une soi disant "compétence", parce que l'existence humaine ne se comprend pas en lisant un cours, elle se vit; elle s'appréhende individuellement en fonction du vécu propre à chacun. Donc ici, il n'est plus question de compétence mais bien de vécu, d'expérience. Par conséquent, quand House balance une grande vérité ou forumle des reproches à quelqu'un en tant qu'être humain et non pas en tant que docteur, toute sa légitimité repose sur son expérience personnelle, à partir de laquelle se forgent "ses opinion, ses vertus".
Qquand House passe un savon au patient en le traitant de lâche, on sait trés bien nous, qu'il se blâme lui-même par procuration. Traiter quelq'un de lâche, cela veut dire reprocher à quelqu'un de manquer de courage, de manquer de cette vertu qu'est le courage; or, si l'on admet que la légitimité d'in point de vue moral se référe a l'experience personnelle, alors cela voudrait dire que, pour pouvoir légitimement reprocher au patient son manque de courage, il faut implicitement en avoir soi-même. House s'attribue donc implicitement, en se permettant de critiquer le patient, une vertu, le courage, qu'il n'a pas = hypocrisie cf la définition du dico. Je tiens à préciser, parce que je vous imagine déjà me tomber dessus, que d'une part je ne dis pas que House est un lâche au sens large, je parle d'un contexte et d'une forme de courage (ou de manque de ocurage) spécifiques; d'autre part, ce constat ce n'est pas moi qui le fait, c'est House lui-même, si l'on part du principe que lorsqu'il engueule le patient, c'est contre lui-même qu'il est en colére.
Ce que je reproche à House surtout, c'est d'émettre des jugements impitoyables et péremptoires se référant à sa seule idéologie. Le problème étant que ce ne sont pas des jugements scientifiques mais des jugement de valeurs, avec hiérarchisation des valeurs et, à travers elle, des gens. Ces jugements ne s'appuient pas sur un fait, ils s'appuient sur l'éthique personnelle de House, qui pour le coup, s'octroie une une superiorité qu'il n'est pas censé avoir...Tout comme son père n'était pas censé en avoir une sur lui...C'est cela qui est fascinant d'ailleurs.
En fait, ce qui m'a gêné dans le speech que fait House au patient, ce n'est pas tant ce qu'il dit que le dédain avec lequel il le dit. House ne s'aime pas, soit. Ca ne justifie en aucun cas qu'il projette le mépris qu'il a pour lui-même sur les autres, ni qu'il applique aux autres la sévérité démeusurée qu'il a pour lui-même.
J'ai choisi de parler d'hypocrisie et pas de peur, justement parce que je compaptis avec House quand il a la trouille.
Choisir l'angle de la peur implique que je sois indulgent avec lui. Cet angle, c'est manifestement celui que tu as choisi Alienor. En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi je serais indulgent avec House alors qu'il n'a jamais fait preuve de la moindre indulgence avec les gens. Il ne transige pas sur son exigence. Evidemment qu'on en revient à son père. Evidement qu'il y'a des raisons à tout cela. Mais il y'a des raisons à tout, et ensuite il y'a la responsabilité individuelle. Je ne serai pour ma part qu'à moitié Rousseauiste sur ce coup là.
Et, plus important: je n'ai pas besoin d'excuser House pour l'admirer. Parfois il m'est trés antipathique, et je l'aime malgré cela, et j'irais même plus loin: je l'aime aussi pour cela. Pourquoi faire de House un surhomme sans aspects négatifs (en les minimisant ou en trouvant une justification à tout ce qui peut être contestable dans son comportement) là où c'est précisément son humanité, et donc ses imperfections, qui font son charme et qui le rendent estimable?
quand j'utilise l'adjectif "inhérent", je veux dire que cela fait partie de lui, intinséquement. Au même titre que tout ce qui le compose, dont toutes ses grandes qualités. J'aime l'ensemble, le tout que forme House, mais sans pour autant nier qu'il y'a des choses que je n'aime pas dans cet ensemble mais que je n'ai pas envie de gommer parce qu'elles font aussi de lui ce qu'il est (je dis "ce qu'il est" et pas "qui il est" parce que c'est un personnage fictif, quasiment une entité, un concept, ou, pour parler comme les Forces du Mal: une marque).