Un season finale qui divise à ce que je vois :he:
J'ai été un peu déçue par la construction globale de l'épisode, mais pour ce qui concerne le tournant que cela marque pour House ça m'a plutôt bien plu.
L'idée du flashforward au début est une technique qui fonctionne souvent bien car cela permet d'amorcer le récit par la promesse d'un événement majeur, le déroulé de l'épisode devant donc nous mener vers ce moment, nous obligeant ainsi à examiner les enchaînements qui vont y mener. Seul hic, j'ai trouvé que justement dans l'ensemble l'épisode manquait de montée de la tension dramatique (comparativement à l'excellent After Hours, par exemple), et qu'au final on se contente un peu de se laisser porter parce qu'on sait qu'il va se passer un truc à la fin...
Je ne comprends pas ceux qui disent que son geste n'a aucun sens. Bien au contraire, c'est lourd de sens. On peut adhérer ou non, trouver ça trop excessif, trop effroyable, etc. Mais dire que ça n'a pas de sens me paraît passer totalement à côté du sujet même de l'épisode, porté par House et la patiente.
House est un homme meurtri, en souffrance, qui ne voit pas dans quelle direction aller puisqu'inévitablement il finit par souffrir. Comme le souligne très habilement son sarcasme en forme d'aveu lors de la scène de la cafeteria, House est malheureux pour plein de raisons, ce sont plein de facteurs qui l'ont mis dans ces situations et font qu'il en est là :
I did it to fix my life. I did it because I'm a deeply unhappy person. I did it to get sympathy from you. I did it to piss you off. I did it because I'm not over you. Or I was over you, and I was moving on. I did it because I wanted to know what it's like not to be in pain. I did it because I want to feel more pain. Whatever the reason, it was a bad reason and a bad idea. That's all that matters.
Le comportement final de House ne va donc pas trouver une explication dans un événement précis, c'est la somme de ses déceptions, de ses peurs, de ses frustrations, des ses peines, etc. qui trouve un exutoire dans ce geste aussi désolant que magnifique. Magnifique parce qu'il y a ici une forme de beauté à l'oeuvre dans cette façon dont House s'acharne à détruire sa vie... A l'image de la patiente qui met sa vie au service de son art, House fait le choix d'un jusqu'au boutisme qui frôle la folie. Mais contrairement à la patiente il ne fait pas machine arrière et va au bout de sa folie, au bout de sa souffrance... Se débarrasser de toute attache, de tout lien, tel est bien le sens de son choix. Tout se passe comme si House détruisait tout pour ne plus rien ressentir (le surdosage de vicodin ne suffisant plus)... House qui sort des décombres du salon de Cuddy symbolise bien cette entreprise de destruction en vue d'une (illusoire) renaissance. Ce n'est désormais plus le bonheur que House cherche à atteindre, mais simplement il veut "ne plus rien sentir".
L'acte de House n'est pas une grotesque réaction jalouse en voyant Cuddy caresser l'épaule d'un autre homme. Non, c'est bien plus profond à mon sens : en voyant Cuddy vivre sa vie, House comprend qu'il aura beau aller de l'avant il ressentira toujours quelque chose, il continuera toujours à essayer de courir après ce qu'il a perdu. La seule solution qui lui apparaît semble donc être de détruire tout ce qui le rattache aux autres. House choisit donc de définitivement tuer tout espoir de réconciliation avec Cuddy, il n'y a pour lui aucune autre solution pour qu'elle sorte de sa vie. Et par là même c'est toute sa vie qui s'effondre : son job, son ex, son pote, House coupe tous les ponts, comme s'il se sentait coincé dans cette vie et décidait de faire table rase de tout cela... Par son acte, et grâce à sa colère qui explose, House se précipite consciemment au coeur d'une réaction en chaîne qui le pousse à s'enfuir...probablement parce qu'il n'aurait pas été capable de le faire à la seule force de sa volonté...
House n'a donc pour moi rien d'un psychopathe. Cet événement est l'aboutissement d'une accumulation de facteurs. Wilson et Cuddy lui disaient d'aller de l'avant, il les a pris au mot :he: Durant l'épisode, House ne cesse de dire qu'il va changer pour améliorer les choses...en un sens c'est ce qu'il fait, mais d'une manière dingue. Comme s'il cherchait à détruire encore davantage sa vie, à se faire son ground zero à lui pour atteindre un point de non retour, pour ne plus avoir d'espoir, pour ne plus rien avoir dans sa vie. Car ne rien avoir (et surtout ne plus avoir d'espoir), c'est une façon de renoncer. La cible de la voiture ce n'est pas Cuddy ou sa maison, c'est simplement House lui-même. House se tue, en quelque sorte.
Une page semble donc se tourner (le Huddy a plutôt eu une belle mort, finalement, avec cette phrase de House qui sonne comme une prophétie : "it's not your fault". En effet, c'est lui qui décidera finalement d'achever tout ça)
House s'apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire. Plus de boulot, plus de copine, plus de collègues, c'est une sorte de reboot sombre... Reste à voir comment ça sera traité dans la saison 8 car il va falloir trouver de bonnes circonstances pour que House revienne à Princeton (sans passer par la case prison :he: )...
Je passe sous silence l'histoire grotesque de Taub : autant je trouvais bonne l'idée de le confronter à la paternité, autant là on se croirait dans un mauvais vaudeville (oh ciel ma copine est enceinte, oh ciel mon ex femme est enceinte :sarcastic: )
Pour un bilan global de cette saison, je dirais simplement que j'ai apprécié que la série s'aventure vers des choses inconnues, notamment à travers le Huddy. Dommage toutefois que la relation House / Cuddy ait été trop événementialisée dans chaque épisode et n'ait pas eu le temps de vraiment s'installer en toile de fond. Si bien que la rupture a été mal amenée et très maladroitement traitée ensuite. De très bons épisodes, des moins bons, des mauvais (et deux petits gimmicks qui me manquent : House sur sa moto, et les consultations :he: ) mais la série m'a toujours habituée à ces sauts qualitatifs.
Un nouvel aspect de House dans cette saison 7, sans pour autant perdre l'essence du personnage. La saison du plus grand bonheur et du plus grand malheur pour lui. Décidément, il n'y a pas loin du colisée à la roche tarpéienne.