« Non, non, je ne suis pas né en Alabama… Aucune gitane n’a maudit ma mère… Et comme si cela ne suffisait pas, je suis acteur en plus ! Un de ces sots gâtés… Incapable de trouver son chemin à l’aéroport sans une assistante… Je ne serais pas surpris de trouver un caractère chinois tatoué sur mes fesses… Et le pire de tout, je viens juste de rompre la règle d’or… Vous n’achetez pas de poisson chez le dentiste et ne demandez pas de conseils financiers à un plombier donc… Pourquoi écouter un acteur chanter ? » Hugh Laurie.

Non ce n’est pas un Housisme, c’est du véritable Hugh Laurie. Nous passons du classique « Everybody Lies » au « Let them talk », nous verrons bien …

Hugh Laurie Let Them talk

Let them talk est le premier album enregistré de Hugh Laurie, après avoir signé avec Warner Bros Records en 2010. Produit par Joe Henry et enregistré à Los Angeles et à la Nouvelle Orléans, l’album est une célébration du blues de la Nouvelle Orléans, un genre qui est pour Hugh le musicien, sa véritable « raison d’être ».

Hugh Laurie compte 300 millions de visites sur YouTube, 18 millions de fans sur Facebook (3ème, juste derrière Lady Gaga et Eminem), et une audience mondiale de 81 millions pour House. La musique a toujours été médullaire/essentielle. Depuis la révélation qu’il a eu en entendant Tipitina durant son adolescence, il s’est révélé musicien habile, jouant un rôle au premier plan et jouant de la musique dans son travail à l’écran, incluant A Bit of Fry & Laurie, Jeeves & Wooster et bien sûr, House.
Spirituellement inspiré d’albums tels que ceux Ry Cooder « Buena Vista Social CLub » et la bande son de T-Bone Burnett de « O’ Brother Where Art Thou », ce disque de Hugh Laurie, intitulé « Let them talk » se compose d’une vaste sélection de perles du genre, de voix reconnues et de musiciens de légende qui donnent forme à ce travail.

Hugh enregistre l’album en chantant devant son piano et ce voyage se voit rejoint par la reine de la Nouvelle Orléans, Irma Thomas, le suprême pianiste Allen Toussaint, l’incomparable Tom Jones et surtout, le grand héros de toute sa vie, la légende du genre : l’immense Dr John dans « After You’ve Gone ».

Ce disque sera lancé en Europe et en Argentine le 9 mai prochain, et sera soutenu par une série de spectacles à Londres, Paris et Berlin, et une émission de TV spéciale qui trace le parcours musical de Hugh à la Nouvelle Orléans, avec des performances de Hugh et son orchestre, ainsi que des invités spéciaux qui ont collaboré pour le projet, le tout filmé à Kingsway Studios dans le Quartier Français le 22 mars prochain.

Mais nous dirons qu’il n’y a pas mieux que Hugh pour parler de son disque.

« Je ne suis pas né en Alamama dans les années 1890. Vous avez du vous en rendre compte. Je n’ai pas été nourri à base de grain, récolté pour un patron ou chargé dans un wagon de train. Aucune gitane n’a prédit quelque chose à ma mère quand je suis né, et il n’y a aucun chien démoniaque sur mon chemin … à ma connaissance. « 

Ce disque montre clairement ce que je suis : un anglais de classe moyenne, transgressant ouvertement les mélodies et la musique du mythique Sud américain.

Comme si cela ne suffisait pas, en plus je suis acteur ! Un de ces sots gâtés, qui n’est même pas allé à la boulangerie depuis une décennie et qui est incapable de trouver son chemin à l’aéroport sans une aide-soignante. Je ne serais pas surpris de trouver un caractère chinois tatoué sur mes fesses. Ou sur mon épaule, peu importe.

Et le pire de tout, je viens juste de rompre la règle d’or de l’art, de la musique et de ma carrière : les acteurs sont supposés jouer et les musiciens doivent s’occuper de la musique. Voilà comment ça fonctionne. Vous n’achetez pas du poisson chez le dentiste ou ne demandez pas un conseil financier à un plombier, alors pourquoi écouter un acteur chanter ?

La réponse est : il n’y a pas de réponse. Si vous accordez de l’importance à l’origine, la provenance et la généalogie, alors vous devriez aller voir ailleurs, je n’ai rien à vous offrir, rien qui vous intéresserait.

J’ai commencé mes leçons de piano à l’age de 6 ans avec Mme Hare. C’était quelqu’un de bien, probablement; mais dans mes souvenirs tordus, je me souviens d’elle comme une sorcière pleine de verrues qui m’intimidait avec des charbons ardents appelés Do-Ré-Mi. J’ai résisté pendant environ 3 mois, martelant les touches à travers le « Livre élémentaire de piano volume 1 » jusqu’à ce que nous arrivions à « Swanee River » de Stephen Foster. (Je suis au regret de vous dire que Foster fut aussi un délinquant : il naquit en Pennsylvania y n’a jamais vraiment été à Swanee River, ni même posé un seul pied en Floride, qui adopta la chanson comme hymne en 1935.)

Maintenant, on peut difficilement dire que « Swanee River » est un blues traditionnel, qui était dans une de ses premières années qualifiée comme une « mélodie éthiopiennes », mais c’est beaucoup plus proche du genre des chansonnettes françaises et ses danses polonaises qui composent le reste du livre maudit.

Le jour est arrivé et Mme Hare a tourné la page : « Swanee River » a t-elle lu, regardant au travers de lunettes que j’imagine pour elle, 45 ans plus tard. Et puis, avec un sourire sur ses lèvres velues, elle a continué “‘Negro Spiritual – Slightly Syncopated ». Oh mon Dieu non ! Sur ce, elle a rapidement tourné la page et est passée à « Le tigre et l’éléphant » ou à un autre cauchemar infernal, et avec ça, ma relation avec l’instruction officielle de la musique se termina.

Et alors un jour, une chanson est passée à la radio – je suis sûr que c’était « I Can’t Quit You Baby » de Willie Dixon – et toute ma vie changea. Un petit trou de ver s’est ouvert pour moi et je suis tombé au pays des Merveilles. Depuis lors, le blues m’a fait rire, pleurer, danser, co .. il s’agit d’un projet de l’ATP, alors je ne peux pas vous dire tout ce que le blues m’a fait faire.

Au cœur de ce nouveau royaume enchanté, bien haut dans la montagne (ce qui montre combien j’en savais peu à l’époque), se trouvait la ville de la Nouvelle Orléans. Dans mon imagination pleine de mélodies babillantes, pleine de musique, romance, joie, désespoir; son rythme pénétrait dans mon esprit anglais maladroit et m’a fait me sentir si heureux … et si triste, je ne savais simplement pas quoi faire avec moi-même. La Nouvelle Orléans a été ma Jérusalem.

Maintenant, la question de savoir pourquoi un adolescent anglais bancal a été profondément touché par la musique qui est née de l’esclavage et de l’oppression dans une autre ville, un autre continent, dans un autre siècle, c’est pour qu’une douzaine de spécialistes répondent devant moi : depuis Korner à Clapton, depuis les Stone jusqu’à Jools Hollands. Disons simplement que ça s’est passé.

Durant la décennie qui a suivie, j’ai dévoré tous les guitaristes que j’ai rencontré : Charley Patton et Lead Belly, qui fut un génie comme le furent aussi Skip James, Stripper Blackwell, tous les Blinds (Lemon Jefferson, Blake, Willie Johnson, Willie McTell), Son House, Lightnin’ Hopkins, Bo Diddley, Muddy Waters, et bien d’autres qui nécessiteraient toute la nuit pour pouvoir les nommer.

Et puis vinrent les pianistes monumentaux : Pete Johnson, Albert Ammons, Meade Lux Lewis, Roosevelt Sykes, Leroy Carr, Jelly Roll Morton, Champion Jack Dupree, Tuts Washington, Willie “The Lion” Smith, Otis Spann, Memphis Slim, Pinetop Perkins, Professor Longhair, James Booker, Allen Toussaint et l’incroyable Dr John.

Je me penche plus sur le piano que sur la guitare parce qu’il reste dans un seul endroit, ce que j’aime faire. Les guitares amènent les pieds à se déplacer inlassablement d’un point à un autre. J’aime être assis.

En ce qui concerne les chanteurs, la liste est énorme, mais je citerai seulement deux noms sur elle : Ray Charles et Bessie Smith.

Ces fantastiques artistes vécurent un jour, chacun d’entre eux a connu le prix d’une miche de pain et la majorité passa des moments de grande disette dans leur vie. Autrement dit, ils ont les véritables créances, et par cela, je les respecte autant que tout autre, si ce n’est plus.

Mais là encore, je n’ai jamais pu supporter de voir cette musique confinée dans une cage de cristal, sous le nom honorable de Culture « Seulement pour être maniée par des respectables hommes de couleur ». Ainsi se creuse la tombe, pour le blues et tout le reste, pour n’importe quelle raison. Seul Shakespeare continue à interpréter dans The Globe, seul Bach continue à toucher pour des allemands attentifs. C’est une énorme formalité, et je prie pour que Lead Belly ne soit pas suffisamment mort pour que cela arrive.

Donc, ceci est mon unique identification, ma carte de visite, qui je l’espère, me permettra de passer à travers les cordes de velours de la scène et dans vos cœurs. J’aime cette musique, aussi authentique que comme je sais qu’elle se sent, et je voudrais que vous l’aimiez aussi. Et si vous sentez un centième de la part de plaisir que j’ai obtenue d’elle, nous sommes tous au-delà de n’importe quel jeu. » Hugh Laurie, Mars 2011

“LET THEM TALK” – STANDARD ALBUM (with original artists)

“St. James Infirmary” (Louis Armstrong / Snooks Eaglin)
“You Don’t Know My Mind” (Lead Belly)
“Buddy Bolden’s Blues” (Jelly Roll Morton)
“The Whale Has Swallowed Me” (J.B.Lenoir)
“John Henry” (Memphis Slim / Snooks Eaglin)
“They’re Red Hot” (Robert Johnson)
“Six Cold Feet” (Leroy Carr)
“Joshua Fit The Battle Of Jericho” (Sister Rosetta Tharp)
“After You’ve Gone” (Bessie Smith /Fats Waller)
“Swanee River” (Ray Charles / Dr. John)
“Police Dog Blues” (Blind Blake)
“Tipitina” (Professor Longhair)
“Whining Boy Blues” (Jelly Roll Morton)
“Baby, Please Make A Change”(Mississippi Sheiks)
“Let Them Talk” (James Booker)

BONUS TRACKS

“Guess I’m A Fool” (Memphis Slim)
“It Ain’t Necessarily So”(Louis Armstrong)
“Low Down, Worried and Blue” (Dr. John)

LA BANDA

Jay Bellerose (drums)
David Piltch (bass)
Greg Leisz (guitar, dobro, mandolin)
Patrick Warren (keys)
Kevin Breit (guitar, tenor, mandolin)
With horns arranged by Allen Toussaint

GUEST VOCALS

Dr. John
Irma Thomas
Sir Tom Jones

Source : Article sur le site de Warner Music Argentina
Traduction : House_Addict et Arumbaya sur House-fr.com