Les différentes approches du rôle de la famille abordées dans les articles précédents (Part 1 et Part 2) offrent une vision assez sombre du rapport que les héros entretiennent avec ces individus au contact desquels ils ont grandi. Mais, comme souvent dans la série, les personnages évoluent, réussissant parfois, à force de changements et de maturation, à résoudre certains des conflits qui les habitent.

Vers l’apaisement

Les relations familiales obéissent à cette logique et il semble ainsi que certains  puissent parvenir à se réconcilier un peu avec cette famille qui fut source de déception ou de haine mais qui, dans tous les cas, a façonné leur personnalité ou leur façon d’appréhender la vie.

La capacité, presque pathologique selon House, de Wilson à s’intéresser aux autres et à les écouter trouve un écho intéressant dans son histoire familiale. Wilson nourrit en effet un fort sentiment de culpabilité à l’égard de son frère Danny, atteint de schizophrénie et qui a disparu depuis de nombreuses années, considérant qu’il n’a pas su lui apporter le soutien dont il avait besoin (The Social Contract). On pourrait trouver dans ce « traumatisme » une explication à ce besoin qu’a Wilson de venir en aide aux autres, ce désir qui le pousse toujours vers des gens en détresse auprès desquels il sent qu’il a un rôle à jouer, comme s’il s’agissait de se racheter de cette erreur passée.

Wilson finit d’ailleurs par retrouver ce frère tant recherché, comme s’il était parvenu au bout de sa quête. Même si l’on ignore tout de la façon dont se sont déroulées les retrouvailles, cette rencontre apparaît comme une seconde chance. Le happy end n’existe pas ici, il s’agit juste d’offrir au personnage un peu de meilleur, un peu de paix avec lui-même.

Cette touche d’espoir donnée à l’histoire fraternelle de Wilson concerne également les personnages qui vivent leur relation familiale comme une lutte ou une fuite en avant. Il semble qu’une forme d’apaisement et de retour au calme soit envisagée, une réconciliation avec cette famille si fortement combattue.

Ainsi, en participant au programme de recherche sur Huntington (Last Resort), Thirteen prouve, par ce choix, qu’elle accepte enfin de vivre avec la maladie. Le déni fait donc place à une acceptation qui ne s’apparente pas à une résignation triste mais qui agit plutôt comme un soulagement, un répit qui lui permet d’aller de l’avant. Foreman, quant à lui, finit par laisser un peu de place dans sa vie à son frère qu’il cesse donc de rejeter (Moving the Chains), affirmant ainsi son appartenance à une famille dont il a longtemps souhaité ne pas faire partie.

A l’instar de Foreman, House semble lui aussi finir par s’apaiser un peu en rétablissant la communication avec ce père qui ne l’a jamais compris. Certes, ce n’est pas d’un échange dont il s’agit ici puisque le père, mort, ne peut répondre au fils, mais il n’en demeure pas moins évident qu’une forme de communication est à l’œuvre. House qui, seul dans son lit, s’adresse à son père (Brave Heart), c’est un peu le fils prodigue qui revient vers la figure paternelle après s’être aventuré dans le monde. Mais, à l’inverse de la parabole, il ne s’agit pas pour le fils révolté d’implorer le pardon du père ; bien au contraire, c’est ici l’enfant qui pardonne au père un peu de ses erreurs.

Les blessures ne sont pas effacées mais plutôt que de continuer à lutter le fils choisit d’accepter ce qui s’est passé et de renouer un embryon de lien. Comme s’il valait mieux avoir un mauvais père que de ne pas en avoir du tout. Il est d’ailleurs significatif que le père biologique de House soit un pasteur – et donc opposé en tous points aux valeurs de House, anti-religieux affirmé – , prouvant ainsi que le père idéal n’existe pas, John House demeurant ainsi à jamais le seul référent paternel dont dispose House.

“People don’t get what they deserve. They just get what they get. There`s nothing any of us can do about it” (Les gens n’ont pas ce qu’ils méritent. Ils obtiennent ce qu’ils ont. Et on ne peut rien y faire) (Instant Karma). Ces mots, prononcés par House, peuvent parfaitement résumer le parcours de ces personnages en lutte contre une ascendance qu’ils rejettent : ils ont beau combattre de toutes leurs forces, rien ne changera, dès lors il convient de s’accommoder le mieux possible de cette famille qu’ils n’ont pas choisi mais dont ils ne peuvent nier l’existence et l’importance.

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